Après avoir littéralement conquis la France, et ce, dès
la première représentation au palais des congrès de Paris, la comédie musicale
franco-québécoise tant attendu, Notre-Dame de Paris, a enfin pris place au
théâtre Saint-Denis le 30 mars 1999. Les producteurs, les artisans et les
artistes de la production ont non seulement créé un spectacle d'une qualité
remarquable, mais une véritable entreprise dont le succès fulgurant se traduit
également par des chiffres étonnants. 19419q1620t
Voici d'ailleurs ce qu'en pense l'auteur de cet audacieux
spectacle, Luc Plamondon: " Dans Belle, la
première chanson que j'ai écrite il y a cinq ans pour cet opéra, j'ai exprimé
le point de vue passionnel, mais avec les sans-papiers, qui m'a été inspirée
par l'occupation de l'église Saint-Bernard il y a deux ans, la trame du livret
a basculé dans le monde moderne. Voir le droit d'asile par les forces de police
m'a suggéré un dénouement nouveau. Les sans-papiers pour sauver Esméralda,
occupent la cathédrale, Frollo (Daniel Lavoie) donne à Phoebus (Patrick Fiori) et à ses soldats l'ordre d'enfreindre le droit de
d'asile, et Esméralda , reprenant à son compte la lutte des sans-papiers après
la mort de Clopin (Luck Mervil), mourra en héroïne plutôt qu'en simple victime de
l'amour." Voici comment débute l'immense aventure qu'est Notre-Dame de
Paris. Dans la première scène, Bruno Pelletier, le poète des rues et le
narrateur du spectacle, apparaît seul dans son personnage de Gringoire. Les
toutes premières paroles du temps des cathédrales vous vont droite au cour.
Lorsque le chanteur amorce la deuxième strophe, on sent déjà qu'on est sur le
point de vivre un événement majeur. Tranquillement, on découvre les corps des danseurs-acrobates étendus sur le sol, incarnant les
sans-papiers venus demander asile et dormant sur le parvis de l'église. Au
milieu d'eux, d'immenses gargouilles sur de hautes colonnes entament leur
va-et-vient. Puis, la deuxième chanson, " Les sans-papiers ",
interprétée par leur chef , Clopin (Luck Mervil), mets littéralement
le feu aux poudres. Les danseurs acrobates se mettent à virevolter d'un côté à
l'autre de la scène. Un peu plus tard, pendant La fête des fous, ils utilisent
le mur comme une extension de la piste de danse, qu'ils escaladent pour mieux
se jeter dans le vide. Devant les paroles la mélodie la mise en scène et les
chorégraphies, devant tant d'énergie , on demeure bouche bée. Voilà la plus
grande surprise du spectacle les 16 danseurs acrobates issus d'autant de pays
les chorégraphies signées Martino Miller et la mise
en scène de Gilles Muller enveloppés des superbes éclairages d'Alain Lortie. Tout cela est aussi magistral que le texte et les
mélodies. Or, avant d'entrer dans l'enceinte du théâtre, le public connaît déjà
les paroles et la musique, mais pas les mouvements qui les accompagnent. Les
résultats sont tout simplement stupéfiants. Au cours du deuxième acte, c'est à
l'intérieur et sur d'immenses cloches descendues du plafond que les danseurs
s'en donnent à cour joie!
En ce qui concerne les costumes (signés Fred Sathal) et les décors peu nombreux (de Christian Rätz) Gilles Maheu a affirmé avoir opté pour la sobriété
afin que l'immense charge émotive déjà présente dans les textes les mélodies et
les mouvements parle en quelque sorte par elle-même : une mission plus
qu'accomplie. Chacune des têtes d'affiche de la distribution a son ou ses solos
marquants. Bruno Pelletier, plus qu'émouvant dans le Temps des Cathédrales et
Lune, nous surprend par sa vigueur, sa souplesse et ses talents de danseur et
de comédien, notamment pendant La fête des fous et Le val d'amour. On découvre
aussi quel danseur est Luck Mervil
dès Les sans-papiers, mais il irradie également au cours des Condamnés et de
Libérés. Attendez de le voir suspendu dans les airs sur une mince poutre de
métal! Patrick Fiori dans Déchiré, Hélène Ségara dans Bohémienne et Vivre, Daniel Lavoie
notamment dans Tu vas me détruire, Florence et la grandiose Belle ( avec Garou
et Fiori ), Garou dans Ma maison c'est ta maison, Les
clochers, Dieu que le monde est injuste, Mon maître, mon sauveur et Danse mon
Esméralda, la pièce qui clôt le spectacle, viennent tour à tour faire fondre
les dernières réserves des spectacles les plus stoïques. Chaque soir, Bruno
Pelletier reprend en rappel Le Temps des Cathédrales et que les autres membres
de la troupe mêlent peu à peu leur voix à la sienne, on atteint l'extase. En
novembre dernier, à la veille d'assister à la version parisienne, nous avions
été surpris par le calme qu'affichaient Bruno Pelletier et Patrick Fiori quelques minutes seulement avant le lever du rideau.
Mais, dès la fin du spectacle, nous avions compris : après deux mois de
représentation, l'équipe savait que Notre-Dame de Paris était immense, hors du
temps et assurément éternel.
Notre-Dame de Pais, a à coup sûr, fait jaillir plusieurs millions de dollars.
Il a cependant fallut que les nombreux frais de lancement soient couverts avant
que les recettes ne se transforment en bénéfices. Le budget qui a servi à
lancer Notre-Dame de Paris atteint 12 millions de dollars. Les coûts de
location de la salle de 3800 sièges au Palais des congrès de Paris représentent
27 000 $ la soirée. Il ne faut pas oublier que, pour mener le projet à terme,
on a eu recours aux services d'une centaine de personnes. L'équipe actuelle
compte actuellement 70 personnes, dont 24 artistes, 7 doublures et 30
techniciens. Les salaires des travailleurs participant à la réalisation du
spectacle totalisent un montant assez substantiel, qu'il est cependant
impossible de chiffrer avec précision, en raison de la confidentialité des
cachets versés aux artistes. Toutefois, si on se fie aux normes qui prévalent
dans l'industrie du spectacle, les sommes allouées aux chanteurs, par exemple,
peuvent varier entre 400$ et 2200$ par représentation. Il serait exact d'avancer
qu'un premier rôle tenu par un chanteur réputé puisse lui rapporter autour de
340 000$ pour 150 spectacles. En plus de leur salaire, les chanteurs touchent une certaine part du
montant des ventes de disques. Le pourcentage se situe entre 6 % et 12% du prix
de gros. En France, quelques 3 millions d'albums se sont envolés des tablettes
des commerçants, ce qui représente un montant additionnel d'environ 720 000$.
Avec le succès retentissant de la production, les coûts de base sont déjà
amortis. Cependant les exigences financières qu'impliquent les tournées
viennent ajouter des frais, qui ralentissent les rentrées d'argent. La tournée
canadienne ( Montréal, Québec, Ottawa et Toronto ) occasionne des frais
totalisant 5 millions de dollars. Un pourcentage de 4 % de ce budget,
c'est-à-dire 200 000 $, est consacré à la publicité. Il n'aura fallu que peu de
temps pour rassurer les producteurs de Notre-Dame de Paris, car dès le 10
novembre, soit à peine deux mois après la première du 16 septembre, tous les billets
des 126 représentations annoncées au Palais des Congrès de Paris étaient
vendus. De quoi réjouir tout le monde. On estime que les recettes du spectacles
parisien se situent un peu en dessous de 30 millions de dollars, ce qui
représente des profits de quelques 15 millions de dollars. La tournée
canadienne quant à elle, devrait générer des recettes de 12 millions de
dollars, laissant derrière elle des profits de l'ordre de 1,2 millions de
dollars. Jusqu'à présent, il s'est vendu un peu moins de 7 millions
d'exemplaires de tous les disques de Notre-Dame de Paris réunis, ce qui
correspond à une somme de 185 millions de dollars. Finalement, lorsqu'on
analyse bien toutes ces informations exceptionnelles, on réalise alors qu'en
vérité, il est exact de dire que notre-Dame de Paris est une histoire qui ne
pourra jamais.mourir !
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