Mobiclic n°73 - Mai-Juin 2005 - ZoomZoom - © Milan Presse/Mobiclic
Pieter Bruegel,1525-1569
Huile sur bois de chêne 118 x 161 cm
Vienne, Kunsthistorishes Museum Wien
Que de monde ici ! Une vraie cour de récréation ! Des centaines d'enfants ont envahi cette place de village pour jouer ! C'est Pieter Bruegel, un des plus célèbres peintres flama 17317i821r nds, qui a peint cette toile en 1560. À cette époque, difficile d'acheter des jouets dans un magasin, il fallait donc les inventer ou les fabriquer avec quatre bouts de ficelle. Si tu t'amuses à les compter, il y en a plus de 80 ici !
Ça fourmille !
Dans cette ouvre, il y a un peu plus de 250 enfants ! Tu peux t'amuser à les compter !
Et autant de filles que de garçons ! Ce grand tableau mesure 118 cm sur 161 cm. Pour te donner une petite idée, 161 cm, cela correspond à la taille d'un enfant de 7 ans ou 8 ans
Quel contraste !
Nous sommes sur une place de village, inutile de te dire qu'il y a un monde fou ici ! Mais entre ce paysage, calme et posé et ce fourmillement d'enfants, il existe un vrai contraste ! Ce contraste provient de l'idée d'ordre et de désordre. Le paysage symbolise l'ordre, il est fixe et non animé alors que les enfants symbolisent le désordre. Ils jouent comme des petits fous et sont plutôt en mouvement !
L'invasion !
Regarde cette grande bâtisse, c'est un bâtiment administratif. Il prédomine dans cette toile, il est même très, très imposant ! Eh bien, regarde, il est envahi par les enfants ! Comme si c'étaient les enfants qui détenaient le pouvoir dans cette ville. Étrange, non ?
La perspective
Encore une histoire de contraste ! Regarde ces enfants, ils sont tous en mouvement.
À l'inverse de ces bâtiments et maisons. Et enfin avec cette perspective composée de deux lignes droites qui fuient à l'infini ! C'est un décor sans fin.
Vue d'en haut
À ton avis, d'où regarde-t-on cette scène ? D'en haut ! Eh oui, comme si nous étions postés à la fenêtre d'une maison et que nous regardions la place du village.
Plus facile, comme cela de regarder sans être vu ! Cela accentue l'impression d'étrangeté du tableau.
Ça bouge
Pour donner encore plus de mouvement à sa toile, Bruegel utilise une petite astuce.
Il alterne les figures de groupes, avec des figures isolées. Notre oil passe ainsi de l'une à l'autre. Ces va-et-vient donnent du rythme !
Tous pareils !
Regarde ces enfants ! Alors, à ton avis, ils sont pauvres ou riches ? Difficile à dire, n'est-ce pas ! Eh oui, leurs vêtements sont assez ressemblants. Il est impossible de savoir s'ils sont pauvres ou riches, il n'y a aucune distinction sociale ici !
Des adultes !
Bizarre, non ? Regarde ces visages, ils sont durs et renfrognés, ils ne ressemblent pas du tout à des visages d'enfants ! Ils sont presque sans âge ! En fait, ce sont des visages d'adultes ! En effet, les personnages de Bruegel sont certes minuscules, mais à l'inverse des enfants, bien souvent, ils n'ont aucune grâce. Ils jouent sans rire, et sont plutôt grognons, voire austères ! À les regarder de plus près, on ressent même un sentiment de malaise.
Les styles de jeux
À cette époque, en 1560, on fabriquait ses propres jouets. Il existait trois sortes de jeux : Les jeux avec des jouets comme le cheval de bois ou les échasses. Les jeux corporels comme se renverser, grimper aux arbres ou marcher sur les mains. Enfin, les jeux qui copient les adultes comme jouer à la guerre ou imiter une procession !
Les jeux d'enfants
Alors à quoi jouent-ils ces drôles d'enfants ? Ici, dans ce petit coin, on joue à la poupée. Là, aux bulles de savon, à la toupie et enfin à dresser les oiseaux ! Ici, on joue aux osselets et, là, aux cerceaux !
Les jeux d'adultes
Ça ne te fait pas penser à quelque chose ? Mais oui, à un mariage ! Et là, que tient cet enfant dans la main ? Un couteau ! Pas très enfantin comme jeu !
Une imitation
Que veut dire cette mascarade ? Pourquoi tous ces enfants ressemblent-ils à des adultes ? Mais que veut dire le peintre Bruegel ? Regarde ce masque, c'est la clé de l'ouvre. Un petit garçon porte ce masque d'adulte pour effrayer ses compagnons !
Il se déguise en adulte pour nous montrer que le monde des adultes n'est pas vraiment drôle ! Parfois, il est même aussi déraisonnable et insensé que celui des enfants !
Le monde à l'envers
Dans cette toile, tout est inversé ! On croit que ce sont des enfants qui jouent mais, en fait, ce sont des adultes ! Bruegel utilise la moquerie ! Ils se moquent du monde des adultes. Regarde cet enfant qui joue à saute-mouton, il n'est pas très gai, non ? C'est un adulte qui joue à un jeu d'enfant, bizarre. Mais non, mais non ! En inversant les rôles, Bruegel veut nous montrer que les activités des « grands » sont bien souvent aussi ridicules que les jeux d'enfants.
La morale de l'histoire
La morale de cette histoire ? Bruegel critique le monde des adultes, il nous montre qu'il peut parfois être aussi futile que celui des enfants !
Pieter Bruegel
Le peintre Bruegel est né en Belgique, en 1525. Il est plus connu sous le nom de Bruegel l'Ancien. Il adore peindre des paysages et des scènes avec des paysans. Son regard n'est ni naïf ni attendri, mais plutôt moqueur ! Dans Les Jeux d'enfants, il dépeint les adultes de manière satirique.
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