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Les jeunes face à la violence télévisée

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Les jeunes face à la violence télévisée



Toutes les sociétés reconnaissent l'importance des loisirs pour le développement des capacités psychologiques, cognitives et physiques des jeunes. Les loisirs comprennent les jeux, les sports, les manifestations culturelles, les spectacles et des travaux d'intérêt général.

Toute mesure visant à lutter contre des problèmes sociaux tels que l'abus des drogues, la délinquance juvénile ou d'autres comportements déviants devrait prévoir l'établissement de programmes de loisirs appropriés à l'intention des jeunes. S'il est vrai que de tels programmes peuvent largement contribuer au développement physique, intellectuel et affectif des jeunes, ils doivent être conçus avec soin de façon à ne pas être utilisés pour exclure ces derniers d'autres activités sociales ou pour les endoctriner. Les jeunes devraient avoir aisément accès à ce type de programmes.

La télévision est le principal loisir des jeunes. C'est leur troisième occupation après le sommeil et l'école. Sans doute, les jeunes regardent la télévision plusieurs 18218x2317s heures pendant la journée. Le temps qu'ils lui consacrent varie selon la période de l'année. L'apparition des jeux vidéo et la multiplication des clubs vidéo les dernières années ont eu un effet de diminution de ce temps-là.

C'est un fait, nous aimons et regardons beaucoup la télévision, bien que le plaisir qu'elle nous apporte nous mette profondément mal à l'aise. Mais quel effet exerce-t-elle donc sur nous? Nous connaissons tous des gens qui sont constamment rivés au petit écran mais tous ne sont pas d'accord lorsqu'il faut déterminer où commence l'exagération, quelles émissions sont respectivement «bonnes», «mauvaises» et «dangereuses».

Les personnes ayant grandi avec la télévision se montrent habituellement les plus ambivalentes à son endroit. Elles se sentent coupables de regarder des émissions vulgaires, exploitantes ou violentes alors qu'elles pourraient en regarder de plus édifiantes comme Les Beaux Dimanches. Elles reconnaissent le pouvoir séducteur de ce média. Toutefois, de nombreux parents mal à l'aise face à la télévision admettent aussi que l'appareil joue un rôle de «gardienne d'enfants». La question se pose : quel genre d'éducation les jeunes reçoivent-ils de leur gardien ou gardienne électronique. L'impact des images diffusées par tous les médias sur les enfants et sur les jeunes est un enjeu majeur de société.

Comment la violence affecte-t-elle les jeunes?

Les résultats provenant des études sur la violence à la télé sont assez semblables. Lorsque les jeunes regardent des émissions agressives, ils apprennent de nouveaux moyens d'exprimer leur agressivité et déterminent eux-mêmes si un tel comportement pourra leur apporter satisfaction. Il est très probable que ceux qui voient les personnages de certaines émissions obtenir ce qu'ils veulent par la violence soient tentés d'en faire autant.

La télévision enseigne-t-elle la violence aux jeunes?

La notion de « violence à la télé » est difficile à définir et mesurer. Certains, la définissent comme l'acte (ou la menace) de blesser ou de tuer quelqu'un, quels que soient le contexte et le moyen utilisé. On inclut les dessins animés dans cette categorie.

La télévision, véhicule des messages qui, dans certains cas, portent atteinte à la dignité des personnes et mettent en valeur une conception des rapports humains marquée par le non-respect de l'autre.

L'identification nette à un personnage violent de la télévision et la croyance en la réalité de sa situation sont toutes deux liées à une plus grande agressivité. En général, les garçons semblent plus vulnérables aux émissions violentes que les filles.

La violence télévisée peut avoir d'autres effets néfastes. Premièrement, les ados peuvent en venir à accepter un comportement plus agressif chez les autres.

Deuxièmement, ils peuvent devenir plus craintifs, croyant que la violence est aussi répandue dans la vie qu'à la télé. La violence dans les médias éveille chez certains jeunes des sentiments de peur, car les scènes de violence à la télévision effraient les jeunes et que cet effet peut perdurer.

Enfin, la violence des médias est une manière de « renforcer » des idées et des sentiments latents d'agression. Ces désirs, jusque-là refoulés, seraient légitimés par des images dans lesquelles le héros et le méchant emploient la violence - généralement sans conséquences apparentes.

Même si, en admettant que la violence dans les médias puisse entraîner de l'agressivité chez les jeunes, la manière dont le processus s'enclenche n'est pas claire. D'un part, il s'agit d'un mécanisme psychologique, enraciné dans la manière dont notre cerveau apprend. Lorsque les jeunes imitent les gestes des personnages de télévision, ils dévelopent les « scénarios cognitifs » qui détermineront leurs comportements. Si ces héros sont violents, les jeunes vont intérioriser des scénarios où la violence est présentée comme une façon appropriée de résoudre un problème.

Les gens exposés régulièrement aux émissions de télévision violentes ont tendance à accepter plus facilement la vraie violence et éprouvent moins de sympathie pour les gens qui en sont victimes. Grands consommateurs d'émissions violentes ont tendance à adopter une vision du monde similaire à celle présentée par la télévision, une attitude qualifiée de « syndrome de la méchanceté de l'univers ».

L'attitude des parents face aux émissions violentes a plus d'impact que les images elles-mêmes.Le manque de supervision parentale a plus de conséquences que les émissions violentes en elles-mêmes. La violence dans les médias, combinée avec la violence réelle, peut créer chez les garçons un « trop plein », qui les rend plus susceptibles de considérer l'agressivité comme une solution pour renforcer leur identité à l'intérieur de groupes antisociaux ou marginaux.

D'un autre côté, la manière dont les parents commentent les émissions violentes peut en atténuer de beaucoup l'impact.  Les valeurs familiales et la classe sociale déterminent davantage l'attitude face à la violence que le nombre d'heures passées devant la télévision, qui a une incidence significative, mais plus faible.

Comment l'éducation à la télé peut-elle contribuer à contrer l'impact sur les jeunes de la violence dans les médias ? Elle n'influencera probablement pas le choix de vidéos d'un adolescent. Mais elle peut les aider à mettre cette violence en perspective, et ainsi, peut-être, diminuer son influence.

Une réflexion critique sur la télé peut amener les jeunes à s'interroger sur la manière dont on exploite la violence dans les films et les jeux vidéo, ainsi que sur les raisons de son omniprésence. Est-elle essentielle à l'intrigue ou sert-elle uniquement à créer une excitation supplémentaire ? En montre-t-on les conséquences de façon réaliste ou voit-on les protagonistes passer à travers une porte vitrée sans une égratignure ? Les traumatismes psychologiques engendrés par la violence sont-ils présentés ou l'histoire se poursuit-elle sans en tenir compte ?

Les amateurs de films policiers et d'action ou les grands consommateurs de nouvelles à la télévision finissent par voir le monde sous un jour beaucoup plus menaçant qu'il ne l'est en réalité.

Une leçon de base à enseigner aux jeunes : les productions médiatiques sont des constructions délibérées, le résultat d'une série de choix, et non «une fenêtre ouverte sur la réalité» , quoi qu'en disent les réalisateurs. Et cela inclut les émissions d'information. Les jeunes doivent comprendre la relation entre les cotes d'écoute et le choix de nouvelles d'un réseau. La plupart des gens connaissent l'intérêt des médias pour les histoires sanglantes et dramatiques, mais que penser de l'exploitation des guerres et des catastrophes naturelles qui font des milliers d'orphelins et de mutilés ?

La violence figure depuis toujours dans le récit des luttes et des rapports sociaux. Cependant, depuis quelques décennies, on assiste à un changement majeur : longtemps associé aux « méchants », l'usage de la violence est de plus en plus souvent présenté comme une prérogative du héros. Ceci soulève une autre question dans le débat: la violence peut-elle être justifiée par des motifs positifs ?

L'éducation aux médias permet d'examiner la version contemporaine du film d'aventures et d'action pour déterminer qui bénéficie de l'usage de la violence et de quelle manière. On découvre rapidement que l'argent est la raison principale de la prolifération de la violence dans les médias, car la violence et l'action s'exportent bien. Les films d'action, où un mort n'attend pas l'autre, sont plus faciles à vendre à l'étranger, parce qu'ils sont plus simples à traduire et à transposer dans une autre culture. Les comédies ou dramatiques de qualité s'appuient sur des scénarios intelligents et des références culturelles spécifiques

Ce peut être également une révélation pour les jeunes de réaliser que chacun interprète à sa manière ce que lui présentent les médias. Notre réaction face aux films, chansons, jeux vidéo ou émissions de télévision est colorée par notre personnalité, nos valeurs et expériences, y compris notre exposition à la violence dans les médias.

Mais la télévision n'a pas toujours une influence négative. On a prouvé très clairement que les émissions destinées à enseigner aux enfants des aptitudes scolaires et sociales peuvent les aider à apprendre efficacement. En fait, les effets positifs des émissions éducatives pour enfants l'emportent sur les effets négatifs de la violence à la télé.

Si la violence au petit écran contribue à rendre les enfants plus agressifs, ce n'est là qu'une petite partie du problème global. En fait, d'autres facteurs dans la vie d'un enfant peuvent avoir une bien plus grande influence que la télé.

Le rôle des parents

Lorsque les jeunes regardent une émission de télé en présence d'un adulte qui la commente, ils s'en souviennent davantage et ont plus tendance à imiter ce qu'ils ont vu. Donc, regarder une émission en compagnie d'un adulte peut intensifier l'effet négatif ou positif de celle-ci chez les enfants.

Le comportement des parents est un autre facteur important qui détermine dans quelle mesure un enfant sera agressif. Il sera inutile de contrôler les émissions que regardent les jeunes si les parents font semblant de ne pas voir ou approuvent un comportement agressif chez leur enfant ou s'ils s'emportent trop facilement eux-mêmes. De même, si les parents affichent un comportement violent, ils servent de modèles pour leurs enfants

Par ailleurs, les parents qui montrent à leurs enfants des moyens de régler sans violence des problèmes, qui constamment remarquent leurs efforts et les félicitent pour avoir trouvé des solutions pacifiques aux conflits, auront des enfants moins agressifs.

En tant que parent, on a le droit et la responsabilité de prendre des décisions pour ses enfants. En général, les parents qui établissent des règles tout en permettant un certain compromis ont des enfants plus heureux et habiles que ceux qui laissent leur fils faire ce qu'ils veulent ou, à l'opposé, qui sont trop sévères et inflexibles.

Si on veut réduire la quantité de violence à laquelle ils sont exposés, il faut établir des règles sur ce que ses enfants peuvent regarder plutôt que sur le nombre d'émissions autorisées. Là encore, il est préférable de limiter leurs heures d'écoute afin qu'ils aient du temps pour d'autres activités. Il faut leur faire gagner leur temps d'écoute en s'assurant qu'ils ont d'abord terminé leurs devoirs ou toute autre tâche.

Alternatives à la télévision

Il faut présenter aux ados des activités de rechange attrayantes autres que la télévision. Si on veut éviter qu'ils deviennent agressifs, leur enseigner les bonnes valeurs a probablement autant d'importance que de contrôler ce qu'ils regardent à la télé.

Il faut discuter de la télévision avec les junes et de leur demander de dire ce qu'ils en pensent. Un des moyens les plus efficaces d'éviter que les enfants ne soient affectés par la violence télévisée consiste à leur faire dire comment, selon eux, la télé peut les aider ou non.

L'éducation aux médias offre une bonne occasion de s'interroger sur soi-même. Les jeunes prennent souvent conscience de leurs réactions et sentiments face à la violence dans la vie réelle comme à l'écran. Ils apprennent aussi qu'ils ont leur mot à dire et un rôle à jouer en tant que consommateurs.

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