Reunion
Dans l'Océan Indien, une petite terre française s'emploie à bousculer les clichés habituels des îles tropicales. Des cocotiers et des plages, il y en a, bien sûr, à la Réunion. L'eau turquoise du lagon, l'ourlet blanc de la barrière de corail sont au rendez-vous des rêves exotiques.
Mais ils ne constituent qu'une petite partie de ce qu'offre l'île aux voyageurs en quête d'inédit, de rencontres, d'émotions et de sensations. Ici la nature a laissé en héritage une extraordinaire richesse de paysages.
Sur 2 500 km², La Réunion offre la diversité d'un continent. A chaque étage de son relief monumental, l'île change de visage. D'exubérante, elle se fait aride. De tro 22122r176w picale, elle devient alpestre. Elle joue à surprendre pour mieux séduire, à chaque détour de ses côtes ou de ses routes accrochées à la montagne.
De plus, sous ces latitudes singulières, l'histoire a mitonné un cocktail exclusif de peuples et de cultures, dont les ingrédients viennent d'Afrique, d'Asie et d'Europe. Un métissage harmonieux à découvrir "intensément".
350 ans d'histoire
Jusqu'au milieu du XVIIème siècle, l'île qu'on n'appelait pas encore la Réunion était inhabitée. Elle a reçu la visite des navigateurs arabes, portugais, anglais, hollandais. Elle était une escale appréciée sur la route du commerce en raison de l'abondance de l'eau douce, à proximité immédiate des rivages. On la retrouve sur de nombreuses cartes, sous des noms divers. Les Français lui ont trouvé une première utilité :celle de prison, ou plutôt de lieu de relégation pour des mutins indésirables à Madagascar. Le royaume tentait alors de prendre pied dans le sud de la Grande Ile, 700 km plus à l'Ouest. En l'an de grâce 1638, la petite île volcanique était devenue Bourbon, "possession du roy". Il avait suffi pour cela d'y planter une pierre gravée sur le littoral (aujourd'hui commune de... La Possession).
Les premiers mutins y sont débarqués en 1643. Ils découvrent une prison de rêve, couverte de forêts, de gibiers et de rivières. Les premiers colons, accompagnés de serviteurs malgaches, s'y installent à partir de 1663. L'intérêt de l'île perdue se révèle progressivement. La Compagnie des Indes Orientales va la gérer d'une main de fer pendant un siècle, jusqu'à sa faillite en 1767. La culture du café se développe, le système de l'esclavage se met en place.
Les colons blancs achètent leur main d'ouvre à des négriers qui arrachent hommes, femmes et enfants aux côtes malgaches et est-africaines. La population blanche des origines, qui avait commencé à se métisser avec ses premiers serviteurs de couleur, femmes malgaches ou indo-portugaises, devient largement minoritaire.
A la fin du XVIIIème siècle, les plantations de café disparaissent rapidement, bientôt remplacées, à partir de 1815, par les champs de cannes à sucre. Pendant la Révolution, l'île a brièvement changé de nom. Les Sans-culottes la rebaptisent Réunion, symbole de la rencontre des troupes révolutionnaires à Paris, en 1790. De 1810 à 1815, elle est ensuite passée sous contrôle anglais, avant d'être rendue au Roi de France.
L' île redevenue Bourbon prospère au XIXème, grâce à la canne. Le "roseau sucré" fait la fortune de la colonie. La lointaine France achète à prix d'or les pains de sucre moulés dans des dizaines d'"usines" attenantes aux propriétés coloniales. Les grands domaines s'étendent, l'intérieur montagneux de l'île est progressivement mis en valeur, les cirques se peuplent.
En 1848, l'esclavage est aboli. Mais la canne nécessite toujours plus de main d'ouvre : appel est fait à des volontaires indiens et africains... dont les conditions d'existence seront bien proches de celles des esclaves.
La société de plantation perdure jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale, au rythme des crises de l'économie sucrière. De nouvelles cultures apparaissent. Une orchidée aux formes de liane, venue d'Amérique, fait naître des rêves d'opulence chez les colons : la vanille. Ses gousses séchées s'arrachent sur le Vieux Continent. Mais elle se reproduit mal dans l'île. Jusqu'au jour où un esclave de Sainte-Suzanne, Edmond Albius, découvre un moyen simple et efficace de féconder sa fleur, d'un simple geste de la main.
Les champs de vanille s'étendent, le label "Bourbon" devient une référence mondiale, encore reconnue aujourd'hui. A cette époque, la Réunion découvre également qu'elle peut produire du géranium et du vetiver qui, une fois distillés, donnent des huiles essentielles appréciées des grands parfumeurs. De nouvelles cultures odorantes prospèrent dans les hauteurs propices de l'Ouest et du Sud. Mais la richesse de la terre ne profite pas à tous et les cours sont à la baisse.
La population souffre dans une colonie oubliée. La France préfère miser sur l'immense Madagascar toute proche. Le 19 mars 1946, l'île obtient le statut de Département d'Outre-Mer. Elle devient française à part entière. Le mouvement s'accélère à partir des années 60 :la Réunion s'équipe, la jeunesse s'éduque, l'économie se diversifie et se développe. Le niveau des infrastructures locales n'a aujourd'hui plus rien à envier à la plupart des départements de métropole. Depuis le milieu des années 90, le tourisme rapporte davantage de recettes que la canne à sucre, la vanille, le géranium et le vétiver réunis.
Une nature en fête La Réunion passionne les botanistes comme les amateurs de jardin et les amoureux de la beauté végétale. Sur cette petite terre perdue au milieu du vaste océan, une flore originale s'est développée sur le littoral comme dans les forêts d'altitude, coupée de toute influence extérieure. Puis l'homme est arrivé, marquant de son empreinte le paysage végétal de l'île. De nombreuses variétés, venues de tous les rivages tropicaux, y ont été acclimatés à des fins utilitaires, ou purement esthétiques. Les palmiers de tous les continents y voisinent aujourd'hui avec l'original latanier de Bourbon, les sous-bois des Hauts foisonnent d'orchidées sauvages. Les Réunionnais sont des passionnés des jardins et la case la plus humble est entourée de plantations flamboyantes! La faune est moins riche. La Réunion n'a pu accueillir sur son sol, au fil des millénaires, que les rares espèces animales capables d'y accéder par voie de mer ou par les airs, oiseaux ou tortues... qui ont fini dans les marmites des premiers habitants! L'oiseau emblématique de l'île est l'élégant paille-en-queue, qui niche dans les falaises à proximité de la mer. Dans les cirques ou au-dessus des ravines, tournoie souvent un rapace baptisé "papangue". Les cerfs de Java qui s'ébattent dans les domaines forestiers de moyenne altitude ont pour leur part été introduits par l'homme. La vie foisonne aussi sous la surface de l'océan, à proximité des rivages. Le "tombant" du récif abrite une faune et une flore corallienne qui font la joie des plongeurs. Au-delà, commence le royaume des grands poissons migrateurs :marlin bleu, daurade coryphène, espadon-voilier, thons, barracudas... Les pêcheurs au gros y plongent leurs lignes pour ramener des spécimens qui méritent parfois de figurer dans le livre des records, mais plus sûrement au menu des restaurants!
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