Les Lettres de mon Moulin sont un recueil de nouvelles, rassemblées sous
ce titre après que plusieurs d'entre elles ont été publiées dans un
journal parisien.
Le titre a été habituellement orthograph 18218w2217s ié et typographié « Lettres de mon
Moulin », mais on rencontre diverses éditions sous les titres alternatifs
« Lettres de mon moulin », « Les Lettres de mon Moulin » et « Les Lettres
de mon moulin ».
À partir de leur publication sous ce titre, elles ont toutes été attribuées
à Alphonse Daudet. On sait pourtant que Paul Arène, entre autres, a été le
co-auteur de plusieurs nouvelles.[1] Celles qui ont été écrites en
collaboration avec lui, voire par lui, ont un charme, une légèreté
d'écriture qui leur vaut une place dans les livres scolaires et dans le
cour de nombreux lecteurs : La Chèvre de monsieur Seguin, Les Vieux, La
Mule du Pape, La Légende de l'homme à la cervelle d'or...
Les histoires situées en Corse ou en Algérie (où Daudet a séjourné) sont
dures, parfois racistes (ce qui n'a rien d'exceptionnel chez les
intellectuels français du XIXe siècle).
Une curiosité : Le Curé de Cucugnan ; très honnêtement, Daudet prévient
que cette histoire n'est pas de lui.
La structure des Lettres:
Les Lettres de mon moulin se présentent comme un recueil de textes très
divers (des contes, des impressions, des ballades...): comment faire alors
pour leur trouver une unité? Par ailleurs, puisque l'édition définitive de
1879 a été remaniée par rapport à la première (1869), on peut penser que
Daudet a voulu imposer un ordre précis à l'ensemble des lettres, qu'elles
s'organisent selon un plan murement réfléchi. Cherchons donc quelques
points de repère.
Le lieu:
D'après le titre, le célèbre moulin pourrait tenir lieu de point de
ralliement... Mais si le moulin Tissot existe réellement, il n'a jamais
appartenu à Daudet - malgré l'acte de propriété qui sert d'«Avant-propos».
De plus, les lettres n'ont pas été écrites du moulin, mais de la banlieue
parisienne... La Provence, peut-être, nous donnerait une unité de lieu?
Mais Daudet nous parle aussi de la Corse, de l'Algérie, et «Le
Portefeuille de Bixiou» se situe à Paris. Abandonnons cette fausse piste.
La forme littéraire:
Les «lettres» alors? Il est vrai que, lors de leur parution dans le journal,
les textes se présentaient sous la forme de véritables lettres avec le nom
du destinataire, les formules de politesse, la signature de l'expéditeur:
cela faisait «vrai» et plaisait beaucoup au lecteur. Mais on s'aperçoit
que Daudet mélange réalité et imagination, qu'il ne respecte pas toujours
cette forme littéraire, qu'il ajoute des contes...
Les thèmes:
Cherchons du côté de leur composition: les lettres suiventelles un ordre
bien défini? En tout cas, elles ne suivent pas l'ordre dans lequel elles ont
été publiées dans le journal. Certains indices peuvent nous faire croire à
une progression par thèmes: trois lettres (n° 8, 9 et 10) se passent en
Corse, trois autres en Algérie (n° 18, 20 et 21), mais elles ne se suivent
plus tout à fait; quant aux cinq textes sur la Camargue, ils sont
regroupés dans la vingt-troisieme lettre. Ce n'est donc pas équilibré, et
puis, que dire de toutes les autres? De plus, les lettres qui mettent en
scène des animaux humanisés (par exemple «Installation», «La Chèvre de M. Seguin»,
«La Mule du pape», «Le Sous-Préfet aux champs») ne sont pas regroupées,
pas plus que celles qui évoquent des religieux («La Mule du pape», «Le
Curé de Cucugnan», «Les Trois Messes basses», «L'Elixir du père Gaucher».
Alors?
La recherche de l'équilibre:
Alors il faut renoncer à croire Daudet ordonne... A moins qu'on ne
s'aperçoive d'abord que la dernière lettre «Nostalgies de caserne» répond
à la première «Installation» en lui servant de contrepoint: c'est-à-dire
que l'une est compensée par l'autre, que l'une fait pencher la balance
dans un sens (celui de la Provence pour «Installation») et l'autre dans
l'autre sens (celui de Paris pour «Nostalgies de caserne»). Ainsi, nous
découvrons que la composition des Lettres obeit plutôt a une notion d'équilibre.
Daudet a d'ailleurs dit lui-même qu'il voulait égayer la «couleur un peu
trop demi-deuil de [ses] historiettes» («La Légende de l'homme à la
cervelle d'or»), c'est-à-dire qu'il fallait remédier à la tristesse ou à
la cruauté de certaines histoires. Observons-en quelques exemples: la
gaieté de «La Mule du pape» vient compenser l'atmosphère tragique de
«L'Arlésienne», la fantaisie du Sous-Préfet aux champs» allège la
tristesse de «La Mort du dauphin», l'absence d'action dans «Le Phare des
Sanguinaires» offre un repos après la trépidante agitation d'Avignon au
temps des papes, les dangers de la nature dans «Les Sauterelles» ou
«L'Agonie de la Semillante» viennent contrebalancer l'aspect rieur et
innocent du «Sous-Préfet aux champs».
Ainsi, l'agencement des lettres suit une alternance de tons et de rythmes:
un temps de pause succède à une action enlevée, un rire vient faire
oublier la tristesse d'une histoire. Loi du contrepoint qui sert aussi le
souci de variété.
Mais libre au lecteur, et c'est la force des Lettres, de croire toujours à
la fantaisie délibérée et désordonnée de Daudet: elle fait partie du
charme.
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